Bisexualité et Santé : Un Sujet Encore Tabou

Bisexualité et santé : le coût de l'invisibilité
La bisexualité, une orientation souvent méconnue
La bisexualité est l’attirance romantique, émotionnelle et/ou sexuelle pour des personnes de plus d’un genre. Pourtant, malgré son inclusion dans le spectre LGBTQIA+, elle demeure largement incomprise et invisibilisée, y compris dans le domaine médical. Cette invisibilité a des conséquences directes et indirectes sur la santé mentale et physique des personnes bisexuelles, qui subissent des discriminations uniques et des préjugés tant dans la communauté hétérosexuelle que dans celle LGBTQIA+.

Stress minoritaire et impact sur la santé mentale
Le concept de stress minoritaire, développé pour expliquer les disparités de santé mentale parmi les groupes marginalisés, est particulièrement pertinent pour les personnes bisexuelles. Ces dernières font face à une double marginalisation :

1. Biphobie et stigmatisation sociale : Les individus bisexuels sont souvent perçus comme « indécis », « opportunistes » ou encore « infidèles ». Ces stéréotypes contribuent à une exclusion sociale et au sentiment d’isolement.
2. Erasure ou effacement bisexuel : Les médias, les études et même certaines initiatives de santé publique tendent à rendre invisible la bisexualité. Cela empêche une représentation positive et valide de cette orientation.

Les conséquences sont graves. Selon plusieurs études, les individus bisexuels présentent des taux plus élevés de dépression, d’anxiété, d’idées suicidaires et de tentatives de suicide que leurs pairs homosexuels ou hétérosexuels. Ces troubles peuvent être exacerbés par un manque de soutien social ou des interventions médicales inadéquates.

Risques accrus de comportements à risque
L’invisibilité de la bisexualité a également des répercussions sur les comportements de santé. Des recherches ont montré que les personnes bisexuelles sont plus susceptibles de :

• Adopter des comportements sexuels à risque, notamment en raison d’un accès limité à des informations de santé sexuelle inclusives.
• Consommer de l’alcool et des substances psychoactives pour gérer le stress ou l’anxiété liés à la stigmatisation.
• Reporter ou éviter les soins médicaux, par peur de jugement ou en raison d’expériences négatives passées avec des professionnels de santé non informés ou discriminants.

Disparités dans l’accès aux soins médicaux
Un problème récurrent dans la prise en charge des personnes bisexuelles est le manque de formation des professionnels de santé. Cela inclut :

• Une méconnaissance de la bisexualité : Certains praticiens ignorent ou remettent en question cette orientation, ce qui peut entraîner un diagnostic inadéquat ou une prise en charge erronée.
• Des biais implicites : Les attitudes des professionnels de santé influencent directement la qualité des soins reçus. Par exemple, un médecin peut minimiser les symptômes ou ne pas prendre au sérieux les préoccupations d’un patient bisexuel.
• L’absence de données spécifiques : Les études cliniques regroupent souvent les personnes bisexuelles avec d’autres groupes LGBTQIA+, occultant leurs besoins uniques.

Besoins spécifiques en santé sexuelle
La santé sexuelle est un domaine particulièrement préoccupant pour les personnes bisexuelles. Des études montrent que ce groupe est plus exposé aux infections sexuellement transmissibles (IST) que les personnes hétérosexuelles ou homosexuelles. Plusieurs raisons expliquent cette vulnérabilité :

• Un manque d’éducation sexuelle adaptée, qui ne prend pas en compte les réalités des relations bisexuelles.
• Une réticence à discuter ouvertement de leur orientation avec des professionnels de santé, ce qui limite les conseils et les dépistages.
• Des partenaires multiples ou de genres différents, ce qui peut accroître les risques d’exposition aux IST.

Les campagnes de prévention et les consultations doivent impérativement inclure une approche inclusive pour aborder ces problématiques efficacement.

Santé physique : une préoccupation émergente
Les recherches sur la santé physique des personnes bisexuelles sont encore limitées, mais des études suggèrent des risques accrus de maladies cardiovasculaires, de troubles métaboliques et de douleurs chroniques. Ces disparités peuvent être liées à :

• Le stress chronique, qui a un impact direct sur le système immunitaire et le fonctionnement cardiovasculaire.
• Des comportements malsains, tels qu’une alimentation déséquilibrée ou le manque d’activité physique, souvent associés à des troubles psychologiques.
• Une sous-utilisation des soins de santé préventifs, en raison de la méfiance ou du manque de ressources adaptées.

Recommandations pour les professionnels de santé

1. Formation continue sur les réalités LGBTQIA+ : Les médecins et soignants doivent comprendre les spécificités des orientations sexuelles, y compris la bisexualité.
2. Créer des espaces inclusifs : Cela passe par des formulaires de consultation adaptés, des affichages inclusifs et une communication respectueuse.
3. Adopter une approche centrée sur le patient : Écouter sans jugement, valider les expériences et répondre aux préoccupations spécifiques des patients bisexuels.
4. Encourager la recherche et les données spécifiques : Les études doivent inclure des sous-groupes distincts pour mieux comprendre les disparités en santé.

L’importance du soutien communautaire
Enfin, il est essentiel de promouvoir des espaces sûrs et des ressources spécifiques pour les personnes bisexuelles, tant dans le milieu médical que communautaire. Les associations et groupes de soutien jouent un rôle clé dans la réduction de l’isolement et la promotion de la santé mentale.