Gérer l’agitation et les Hallucinations dans la Démence

Démence : Faire face aux comportements courants et parfois bouleversants

Types de comportements associés à la démence
Les personnes atteintes de démence manifestent souvent des comportements qui peuvent être déroutants, voire bouleversants, tant pour les soignants que pour leurs proches. Parmi les comportements les plus courants, on retrouve l'agitation, l'agressivité, les hallucinations, le vagabondage, les comportements répétitifs et l'anxiété. Chaque comportement peut être déclenché par différents facteurs, tels que des changements dans le cerveau, des facteurs environnementaux ou des éléments liés à l'état de santé global de la personne.

1. L’agitation et l’agressivité
L'agitation et l'agressivité peuvent être des manifestations fréquentes chez les patients atteints de démence, en particulier dans les phases plus avancées de la maladie. Ces comportements peuvent être provoqués par des facteurs physiques comme la douleur, une infection, ou encore des problèmes de sommeil. La frustration face à des difficultés de communication peut également jouer un rôle. Les professionnels de santé recommandent de :

• Identifier les déclencheurs : Observer les situations qui précèdent les accès d’agressivité ou d’agitation. Cela peut inclure un environnement trop bruyant, des changements soudains dans la routine ou des interactions difficiles.
• Utiliser des techniques de communication apaisantes : Parler d’une voix calme, offrir des explications claires et éviter les confrontations peut réduire les comportements agressifs.
• Créer un environnement apaisant : Réduire les sources de stress comme le bruit ou la foule, et établir une routine régulière.

2. Les hallucinations et délires
Les hallucinations et les délires sont des symptômes qui se manifestent souvent dans les cas de démence avancée, en particulier chez les personnes atteintes de démence à corps de Lewy et de la maladie d'Alzheimer. Ces phénomènes peuvent être particulièrement angoissants, tant pour le patient que pour l'entourage. Pour y faire face :

• Ne pas contredire les hallucinations : Plutôt que de nier l'expérience de la personne, essayer de la rassurer et de la rediriger vers une activité calmante.
• Assurer un environnement sécurisant : Les hallucinations peuvent être amplifiées par un environnement stressant. En fournissant un cadre calme et bien éclairé, il est possible de diminuer ces épisodes.
• Évaluation médicale : Parfois, les hallucinations peuvent être dues à une médication ou une infection. Dans ce cas, une évaluation médicale est essentielle.

3. Le vagabondage
Le vagabondage est un comportement courant chez les personnes atteintes de démence, qui peut être lié à la désorientation, au stress ou à la recherche d'un lieu familier. Ce comportement représente un risque important pour la sécurité, notamment en raison du danger de se perdre ou d'entrer dans des zones dangereuses.

• Utilisation de dispositifs de sécurité : Des dispositifs de suivi GPS ou des alertes peuvent être installés pour surveiller les mouvements de la personne et prévenir les situations à risque.
• Prévenir les déclencheurs de l’errance : Parfois, l'envie de vagabonder peut être motivée par une envie de trouver un espace familier. En maintenant une routine claire et en offrant des activités pour occuper l'esprit, il est possible de réduire ce comportement.
• Moyens de redirection : Lorsque le vagabondage survient, proposer une promenade sécurisée ou des activités engageantes peut aider à canaliser l’énergie de manière positive.

4. Les comportements répétitifs
Les comportements répétitifs, tels que le fait de répéter les mêmes phrases ou gestes, sont fréquents et peuvent devenir épuisants pour l'entourage. Ils traduisent souvent un besoin de sécurité et de stabilité, et peuvent aussi être un moyen de compenser des pertes de mémoire.

• Validation et patience : Montrer de l'empathie et de la compréhension envers la personne atteinte de démence en écoutant et en répondant avec patience peut contribuer à apaiser les comportements répétitifs.
• Structurer le quotidien : Une routine stable permet de diminuer l’anxiété et l'incertitude, souvent à l'origine des comportements répétitifs.
• Rediriger l'attention : Proposer des activités manuelles ou artistiques peut aider à détourner l’attention de la personne des comportements répétitifs.

5. L’anxiété et la dépression
Les patients atteints de démence sont souvent sujets à des épisodes d'anxiété ou de dépression, des états qui peuvent aggraver les autres symptômes et compliquer les interactions quotidiennes. La gestion de ces symptômes est essentielle pour améliorer la qualité de vie du patient.

• Évaluation psychologique : Une évaluation psychologique régulière peut aider à identifier les causes spécifiques de l'anxiété et de la dépression. Dans certains cas, des traitements médicamenteux ou des thérapies peuvent être appropriés.
• Créer un environnement apaisant : L'anxiété peut être atténuée en créant un environnement prévisible, sécurisant, avec un éclairage et une décoration rassurants.
• Encourager des activités positives : Le jardinage, la musique ou le dessin peuvent réduire le stress et améliorer l'humeur.

Stratégies générales pour les soignants et les professionnels de santé
Les professionnels de santé et les soignants peuvent jouer un rôle clé dans la gestion de ces comportements en adoptant des stratégies spécifiques qui incluent l'évaluation régulière de l'état de santé du patient, une approche centrée sur la personne et une communication adaptée.

Maintenir une approche centrée sur la personne
L’approche centrée sur la personne est essentielle pour comprendre et gérer les comportements déroutants chez les patients atteints de démence. Elle implique de voir au-delà des symptômes pour comprendre l’individu dans sa globalité, en prenant en compte son histoire, ses goûts et ses préférences.

• Observer attentivement : Identifier les signes subtils qui précèdent les comportements et chercher à comprendre les émotions sous-jacentes.
• Engager une communication personnalisée : Utiliser le nom de la personne, lui rappeler des souvenirs ou des détails qu’elle apprécie pour instaurer un climat de confiance.

Formation et soutien des soignants
Les soignants et les proches des patients atteints de démence ont souvent besoin de formation et de soutien psychologique pour mieux gérer les comportements déroutants et éviter l'épuisement.

• Proposer des programmes de formation : Les professionnels de santé peuvent bénéficier de formations sur la démence pour mieux comprendre les comportements et apprendre des techniques de gestion.
• Groupes de soutien : La création de groupes de soutien pour les proches et les soignants favorise l’échange d'expériences et permet de mieux affronter les défis quotidiens.

Conclusion et perspectives
Gérer les comportements déroutants des personnes atteintes de démence requiert une combinaison de stratégies médicales, psychologiques et sociales. Il est essentiel d'adopter une approche empathique et centrée sur la personne, tout en fournissant aux soignants les outils nécessaires pour faire face aux défis de cette condition complexe. La recherche continue sur les interventions non-médicamenteuses et le développement de nouvelles approches thérapeutiques apporte des perspectives prometteuses pour améliorer la qualité de vie des patients et de leurs proches.