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Prévenir la Perte Auditive Pendant la Chimiothérapie

Discussion in 'Le Forum Médical' started by medicina española, Nov 15, 2024.

  1. medicina española

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    La chimiothérapie et la perte auditive : un suivi indispensable pour les patients

    La chimiothérapie, un pilier essentiel du traitement contre le cancer, apporte des bénéfices considérables pour les patients, en augmentant les chances de rémission ou de guérison dans plusieurs types de cancers. Cependant, les effets secondaires associés à cette thérapie peuvent être multiples et parfois gravement altérer la qualité de vie des patients. Parmi ceux-ci, la perte auditive est un effet secondaire encore méconnu et sous-estimé, mais qui mérite une attention particulière, surtout pour les traitements contenant des agents ototoxiques comme les sels de platine. Le suivi rigoureux de l’audition des patients soumis à ces traitements est non seulement conseillé, mais devient indispensable pour identifier les altérations auditives à un stade précoce et ainsi minimiser les répercussions à long terme.

    Pourquoi la chimiothérapie peut-elle affecter l'audition ?
    Les agents chimiothérapeutiques, notamment ceux contenant des sels de platine comme le cisplatine et le carboplatine, sont reconnus pour leur potentiel ototoxique. L’ototoxicité désigne la capacité d'une substance à endommager l'oreille interne, en particulier les cellules ciliées de la cochlée, responsables de la transmission des sons. Ces dommages peuvent entraîner une perte auditive neurosensorielle, généralement irréversible.

    D’autres facteurs peuvent aussi contribuer à la sensibilité accrue des patients traités par chimiothérapie à développer une perte auditive :

    • La dose cumulée de chimiothérapie : Des doses plus élevées augmentent le risque d'ototoxicité.
    • L'âge du patient : Les enfants et les personnes âgées sont plus vulnérables aux effets ototoxiques.
    • Les traitements combinés : L'association de plusieurs agents chimiothérapeutiques ou l’ajout d’une radiothérapie peut exacerber les effets secondaires, dont l'atteinte auditive.
    • La prédisposition génétique : Certaines variations génétiques peuvent augmenter la susceptibilité d'un patient à l’ototoxicité.
    Manifestations cliniques de la perte auditive induite par la chimiothérapie
    Les symptômes de la perte auditive induite par la chimiothérapie peuvent varier en fonction du degré d'atteinte, mais incluent souvent :

    • Hypoacousie bilatérale et symétrique : une diminution progressive de l'audition sur les deux oreilles, affectant généralement les fréquences élevées en premier lieu.
    • Acouphènes : Bruits de fond tels que des sifflements ou des bourdonnements dans les oreilles, qui peuvent être permanents.
    • Difficultés de compréhension dans les environnements bruyants : Une difficulté accrue à suivre des conversations, surtout dans les lieux bruyants, même si l'audition de base semble correcte.
    Les patients peuvent également faire état de sensations de pression ou de congestion dans les oreilles sans pour autant ressentir de douleur. Ces symptômes sont souvent sous-estimés ou perçus comme temporaires, ce qui retarde le diagnostic et, par conséquent, la prise en charge.

    Pourquoi un suivi auditif régulier est-il crucial ?
    L'ototoxicité liée à la chimiothérapie est souvent irréversible. Ainsi, la détection précoce de tout changement auditif est essentielle pour limiter l'impact de cette perte sur la vie du patient. Un suivi auditif permet également de prendre des mesures pour ajuster le traitement si nécessaire et prévenir des dommages supplémentaires.

    Un suivi régulier doit inclure :

    1. Une évaluation de base avant le début du traitement : Il est primordial de déterminer la santé auditive initiale du patient, afin d’avoir un point de comparaison pour détecter tout changement durant ou après le traitement.
    2. Des audiométries répétées durant la chimiothérapie : Ces tests peuvent être réalisés après chaque cycle de chimiothérapie, ou à des intervalles prédéfinis en fonction de la toxicité potentielle des agents utilisés.
    3. Une surveillance post-traitement : L'ototoxicité peut parfois apparaître ou s'aggraver après la fin du traitement. Un suivi à long terme est donc conseillé, notamment pour les patients ayant reçu des doses élevées.
    Outils et tests audiologiques recommandés
    Pour évaluer l’impact de la chimiothérapie sur l’audition, plusieurs tests audiologiques peuvent être réalisés, incluant :

    • Audiométrie tonale : Elle permet de mesurer la capacité du patient à entendre des sons à différentes fréquences, particulièrement utile pour identifier les pertes auditives aux fréquences élevées.
    • Otoémissions acoustiques (OEA) : Un test qui permet de détecter des dommages précoces dans la cochlée.
    • Potentiels évoqués auditifs : Utilisés pour évaluer l'intégrité des voies auditives centrales et déceler toute anomalie dans la transmission du signal auditif.
    L'importance de chaque test dépend de l'âge du patient, de la toxicité du traitement, et de la fréquence des symptômes rapportés. En pédiatrie, des tests plus spécifiques et adaptés à l’âge de l’enfant peuvent être nécessaires, car les jeunes patients peuvent présenter des atteintes auditives sans pouvoir les exprimer verbalement.

    Options de prise en charge pour les patients souffrant de perte auditive
    Face à une perte auditive avérée chez les patients sous chimiothérapie, différentes options peuvent être envisagées :

    • Aides auditives : Elles peuvent être utiles pour les patients ayant une perte auditive modérée à sévère, afin de compenser partiellement la diminution de l'audition.
    • Appareils implantables : Les implants cochléaires sont une option pour les cas de surdité profonde. Cependant, leur utilisation est limitée chez les patients immunodéprimés en raison des risques d’infections postopératoires.
    • Suivi et réhabilitation auditive : En plus de l’appareillage, un suivi par un orthophoniste spécialisé dans la réhabilitation auditive peut aider les patients à mieux gérer leur handicap auditif et améliorer leur qualité de vie.
    Stratégies pour minimiser les risques de perte auditive durant la chimiothérapie
    Des mesures peuvent être envisagées pour réduire le risque d'ototoxicité :

    • Réduction de la dose de cisplatine : Si possible, diminuer la dose ou choisir des alternatives moins ototoxiques comme le carboplatine peut réduire le risque de perte auditive.
    • Utilisation de protecteurs auditifs pharmacologiques : Certaines substances comme le sodium thiosulfate sont étudiées pour leur capacité à protéger l'oreille interne des effets ototoxiques du cisplatine.
    • Réadaptation auditive préventive : Une évaluation précoce et une sensibilisation des patients aux symptômes précoces d'une perte auditive leur permettent de signaler rapidement toute modification de leur audition.
    Le rôle crucial de l'équipe soignante
    La prise en charge de l'ototoxicité chez les patients sous chimiothérapie nécessite une approche multidisciplinaire. L'équipe médicale, y compris l’oncologue, l’oto-rhino-laryngologiste et l’audiologiste, doit travailler en étroite collaboration pour :

    • Informer et éduquer les patients sur les risques d’ototoxicité et les sensibiliser aux symptômes à surveiller.
    • Personnaliser le traitement en fonction des facteurs de risque individuels de chaque patient.
    • Proposer des ajustements thérapeutiques en cas de signes de perte auditive, en tenant compte de la balance bénéfice-risque.
    L'accompagnement psychologique des patients est également crucial, car la perte auditive peut impacter significativement la qualité de vie et le bien-être émotionnel des patients. Une écoute active de leurs inquiétudes et une prise en charge adaptée permettent de minimiser les répercussions psychologiques de ce handicap auditif.
     

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